Groupama dans la Volvo Ocean Race : Le virage brésilien / Sport
Le dimanche 22 avril 2012 à 19h (heure française), le départ pour Miami sera donné devant Itajai, pour un parcours assez technique de 4 800 miles, afin de contourner le Brésil, passer le Pot au Noir et traverser les Caraïbes. Fort de sa victoire samedi lors de la régate « In-Port », Groupama 4 a des ambitions élevées dans le but de réduire son écart en points sur le leader espagnol au classement général.
Les conditions météorologiques au Brésil s'annoncent parfaites pour le départ de cette sixième étape hauturière : du soleil avec quelques nuages de beau temps, une température idyllique, un plan d'eau presque lisse et surtout une brise de secteur Sud d'une bonne quinzaine de noeuds ! Probablement le plus intense début de course de cette Volvo Ocean Race, car si la situation est particulièrement favorable à un préliminaire spectaculaire, c'est aussi un moment clé pour la suite de l'épreuve. Surtout que ce flux perturbé de Sud ne va pas perdurer très longtemps et aborder la baie de Rio de Janeiro en pole position s'annonce comme un avantage conséquent pour débuter le long contournement du Brésil.
Un champ d'expression réduit
La caractéristique de ce parcours de 4 800 miles est en effet qu'il faut longer les côtes brésiliennes jusqu'au Pot au Noir. Et cette première moitié du parcours semble vouloir multiplier les pièges. De petites chausse-trapes puisque les navigateurs vont devoir jouer sur une bande de moins de 200 miles au large du Brésil. Première difficulté : le débordement du cap Frio qui marquera le premier changement de route, direction Nord. Or les grosses températures post-estivales génèrent des masses d'air chaudes et très humides qui se propagent vers l'Atlantique Sud sous forme de zones orageuses. Plus au Sud, du côté du Rio de la Plata, les dépressions argentines repoussent l'anticyclone de Sainte-Hélène qui crée habituellement les alizés brésiliens.
Rien de clair pour les jours à venir ! Mais bien plutôt des bulles de calme, des grains soudains, de bascules de vent importantes combinées à des effets côtiers parfois imprévisibles. Il faudra donc probablement attendre la latitude de Salvador de Bahia pour que les vents réguliers de Sud-Est à Est s'installent durablement jusqu'à l'équateur. Une fois le Pot au Noir passé, normalement peu développé à cette époque de l'année sur le 35° Ouest, les cinq VO-70 vont accrocher les alizés de Nord-Est de l'hémisphère Nord, alizés qui vont progressivement tourner à l'Est puis au Sud-Est en arrivant sur l'arc antillais. Il n'y aura donc pas franchement de pause pour les équipages qui devront naviguer en permanence à vue et qui vont devoir manoeuvrer très souvent.
Beaucoup de vent de travers modéré
Ces conditions générales sont donc plutôt favorables pour Groupama 4 puisque les brises portantes et le vent de travers sont prédominants avec une force moyenne autour de quinze noeuds. Surtout que Franck Cammas et ses hommes ont démontré une belle aisance dans le petit temps de samedi lors de la régate « In-Port », or c'est aussi une situation qui risque de se renouveler souvent lors des zones de transition météorologique à traverser. L'enjeu est en tout cas d'importance pour tous les équipages car les points cumulés en Floride vont déterminer la stratégie finale jusqu'à Galway...
A noter que Phil Harmer, blessé lors de l'étape du cap Horn a laissé sa place à Erwan Israël et l'équipage pour le parcours entre Itajai et Miami est ainsi constitué : Franck Cammas (FRA) skipper, Jean Luc Nélias (FRA) navigateur, Thomas Coville (FRA), Charles Caudrelier (FRA), Laurent Pagès (FRA), Erwan Israël (FRA), Damian Foxall (IRL), Brad Marsh (NZL), Martin Stromberg (SWE), Martin Krite (SWE), Yann Riou (FRA) média man.
Ils ont dit
Franck Cammas, skipper de Groupama 4
« On va bien sûr essayer d'être devant Telefonica, mais avant tout tenter de gagner cette manche comme toutes les autres : on a dépassé le milieu de la course autour du monde et les points acquis deviennent de plus en plus importants. Nous sommes deuxièmes et les Espagnols sont à portée de fusil : on a toutes nos chances et nous sommes motivés pour cela. Le démâtage a donné un coup d'arrêt à notre progression mais sur les deux précédentes étapes, on voit que nous sommes de plus en plus à l'aise. On a prouvé que nous pouvions rester devant longtemps : il faut maintenant être régulier pour la victoire finale...
On se sent plus à l'aise au grand large que sur les régates courtes, même si nous avons bien progressé comme nous l'avons montré samedi à Itajai où nous avons résisté à la pression de très bons équipages. Pour cette prochaine étape, nous serons plus de Français à bord puisque Phil Harmer a été blessé et reste à terre pour se reposer, remplacé par Erwan Israël. Tous les navigants ont pu faire un break au Brésil et même si la fatigue s'accumule, nous sommes en forme et l'étape à venir s'annonce moins exigeante physiquement. »
Jean-Luc Nélias, navigateur de Groupama 4
« C'est la plus longue des étapes qui restent à courir : elle se caractérise par la chaleur ! Le parcours est essentiellement tropical et cela nous fera changer de systèmes météorologiques au fur et à mesure que nous gagnerons dans le Nord. Nous allons partir dans une situation perturbée jusqu'à Rio de Janeiro, puis il faudra traverser une zone de transition avant d'accrocher les alizés de secteur Sud-Est. L'enchaînement est ensuite le passage du Pot au Noir, de nouveau des alizés mais de l'hémisphère Nord donc de secteur Nord-Est et un final plus incertain puisqu'il peut y avoir des fronts avec des dépressions à cette période de l'année. C'est plutôt une manche de vent modéré, à 80% autour de quinze noeuds. Et très ensoleillée avec de grosses chaleurs à forte humidité. Beaucoup de portant et de vent de travers, des conditions favorables à Groupama 4, mais il y a des zones de petit temps à traverser.
Il ne semble pas qu'il y ait de grandes options stratégiques possibles, mais il faudra surveiller nos concurrents : la trajectoire est un peu bloquée par le contournement du Brésil. Il peut y avoir des coups à faire éventuellement dans les Caraïbes en passant au vent, sous le vent ou au travers des îles. Et sur l'arrivée si les conditions habituelles sont un peu chamboulées du côté des Bahamas. »
Classement général après cinq étapes océaniques et six régates « in-port »
1-Telefonica (Iker Martinez) : 1+30+6+29+2+27+6+20+1+25+2 = 149 points
2-Groupama 4 (Franck Cammas) : 2+20+2+18+5+24+2+30+4+20+6 = 133 points
3-Camper (Chris Nicholson) : 4+25+5+24+4+18+3+15+6+15+5 = 124 points
4-Puma (Ken Read) : 5+0+4+19+3+17+5+25+5+30+4 = 117 points
5-Abu Dhabi (Ian Walker) : 6+0+3+10+6+14+4+10+2+0+3 = 58 points
6-Sanya (Mike Sanderson) : 3+0+1+5+2+5+1+5+3+0+0 = 25 points