Vendée Globe : Il court, le furet / Sport
Divergences d'appréciation entre les leaders. Le trio Le Cam, Golding, Wavre de retour aux affaires. Les mers du Sud dans deux jours. Il est passé par ici, il repassera par là ' Au gré des classements, des relevés météo et des informations que veulent bien livrer les concurrents, les supputations vont bon train sur la route à suivre pour rejoindre les portes de l'océan Indien. A ce petit jeu, les solitaires prennent garde à ne pas se dévoiler. La guerre psychologique va bon train.
© Alex Thomson/ Hugo Boss
Cela va des déclarations péremptoires aux commentaires lénifiants. Entre certitudes délivrées par certains et informations soigneusement distillées pour laisser entendre que tout se déroule à merveille, la tête de flotte du Vendée Globe rivalise de tentatives d'intoxication de l'adversaire. Première règle : se montrer sûr de son fait. C'est Jean Le Cam (SynerCiel) qui déclare tout à trac que le leader actuel, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), va droit dans le mur et ne se relèvera pas tout de suite de son enfermement stratégique. Deuxième ligne de conduite : ne jamais dévoiler ses faiblesses. A bord de MACIF, François Gabart ne déroge pas à ses habitudes : depuis le départ la roue de la fortune tourne toujours dans le bon sens pour l'étoile montante de la course au large. D'autres encore, ne peuvent être joints à la vacation, quand une partie cruciale est en train de se jouer. C'est la bouteille à l'encre sur la flotte du Vendée Globe. Dans cette partie de poker menteur où les joueurs oscillent entre conviction profonde, réelle fatigue pour certains et tranquillité assumée pour d'autres, difficile de démêler le vrai du faux. Seule l'évolution des classements, dans sa froide objectivité, permet de se faire une opinion. Dans cette guerre des nerfs, savoir négocier au mieux les zones de vents faibles est primordial. Les solitaires acceptent de passer du temps sur le pont, réglant sans relâche, surveillant régulièrement les appendices de peur qu'une algue ou un sac plastique ne vienne perturber l'équilibre hydrodynamique du bateau. A terre, les équipes techniques écoutent avec attention les correspondances entre les marins et le PC Course pour essayer de déceler la moindre faille dans le discours. Mata Hari et Enigma ont de dignes successeurs.
Compression générale
Une chose est certaine : le trio Le Cam, Golding (Gamesa), Wavre (Mirabaud) a d'ores et déjà récupéré une grande partie de son retard sur le quinté de tête et se sent même quelques appétits pour essayer de dévorer Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss). Entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) et François Gabart, difficile de savoir qui est le mieux placé dans la descente vers le sud. Et tout le monde guette pour savoir si la couronne d'Armel Le Cléac'h va rester sur sa tête.
Pour le petit peloton des poursuivants, tout va aussi pour le mieux. Pour Javier Sanso (Acciona 100%EcoPowered), Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), le syndrome du renseignement secret est bien loin de leurs préoccupations. Il s'agit avant tout de pousser les feux de leur machine, d'aligner les milles comme qui rigole' Comme par hasard, au fur et à mesure des écarts qui diminuent, les voix reprennent de la vigueur, les sourires se font plus évidents. Ils ont beau naviguer dans des conditions proches de l'idéal, aucun de ces navigateurs n'oublie qu'il est en course et que sans cet aiguillon leur univers pourrait paraître un peu fade. Encore deux ou trois jours et la musique aura changé.