La Volvo Ocean Race : Le départ / Sport
Par une jolie brise d'une quinzaine de noeuds de secteur Ouest montant jusqu'à plus de vingt-cinq en fin d'un parcours côtier de quinze de milles, le départ de la première étape entre Alicante et Cape Town a été donné à 14h. Groupama 4 retardé dès le premier bord par une pénalité, revenait dans le match pour pointer à la cinquième position dans le tableau arrière d'Abu Dhabi. Au programme de l'après-midi : cinquante milles vent de travers jusqu'au cap de Palos...
Coup de canon ! Départ... Le premier de Franck Cammas et ses hommes pour un tour du monde en neuf étapes. Près de 40 000 milles à parcourir par l'Atlantique, l'Indien, la mer de Chine, le Pacifique. Un marathon au rythme d'un sprint. Un nouveau départ aussi pour les Français absents de cette course autour du monde depuis Eric Tabarly en 1993... Et dès l'entame, Camper s'élançait très rapidement au vent de la flotte sous Code 0 en compagnie de Telefonica, tandis que Groupama 4 préférait assurer sous le vent près du bateau Comité. La flotte arrivait à près de vingt noeuds sur la première bouée en enroulant leur immense voile d'avant.
Les néo-Zélandais (Camper) sous trinquette et grand-voile haute viraient en premiers poursuivis par les Espagnols (Telefonica) et les Américains (Puma) qui préféraient le génois N°2. Franck Cammas suivait en compagnie de Sanya alors que les Américains avaient des soucis pour affaler leur Code 0... Le vent de terre était très irrégulier avec de grosses bouffées qui descendaient des montagnes. Cette alternance de brise légère sous les falaises et de rafales aussi brèves que surprenantes n'était pas facile à négocier. Groupama 4 s'engageait alors dans un double tour sur lui-même (720°) suite à la réclamation des Américains pour un contact léger entre les deux bateaux, le bout dehors de Groupama 4 touchant sans dommages le tableau arrière de Puma.
Au coeur du match
A la marque suivante, Camper confirmait son leadership quand il déroulait son grand Code 0 après son empannage, suivi par Telefonica et Puma. Groupama 4 malgré le retard pris par son 720° pointait à quelques encablures d'Abu Dhabi qui connaissait des problèmes d'enrouleur de Code 0 et de Sanya, alors qu'une nouvelle fois le vent jouait au yo-yo tant en force qu'en direction ! Les néo-Zélandais pointaient encore en tête quand ils empannaient les premiers dans un vent qui montait à plus de quinze noeuds. Suivait un premier passage devant le port d'Alicante avec plus ou moins de réussite côté manoeuvre... Franck Cammas et ses hommes profitaient de l'occasion pour enrouler la bouée devant le voilier chinois et revenaient au contact des leaders tandis que la brise grimpait encore, atteignant 20-25 noeuds !
Le louvoyage final suivi par un long bord vent de travers vers la dernière marque de ce parcours côtier était déjà fort musclé : après une petite heure, Chris Nicholson (Camper) pouvait le premier prendre le large vers le cap de Palos, travers au vent d'Ouest 25 noeuds. Ken Read (Puma) à 1'34 minutes du leader, était poursuivi par Iker Martinez (Télefonica) lui-même suivi de près par Ian Walker (Abu Dhabi) et Franck Cammas (Groupama 4) lors du passage de cette dernière marque du parcours.
Emotions et tensions
Sur les pontons lorsque les six bateaux quittèrent le port pour rallier la ligne de départ, sous un déluge de décibels, un feu d'artifice, une bénédiction religieuse et sous le regard du Prince Felipe de Bourbon et du footballeur Zinedine Zidane, l'émotion était palpable chez tous les équipiers qui quittaient enfin la terre ferme pour une première grande transportation maritime.
Familles, proches, soutiens, direction et personnel de Groupama : tous retenaient leurs derniers mots, glissaient d'ultimes regards, serraient des mains et entouraient des cous... Le départ de Groupama 4 pour cette onzième édition de la course autour du monde en équipage était né ! Et l'équipage en partie soulagé par ce coup de canon imminent qui marquait le signal d'une nouvelle aventure planétaire, ne cachait ni ses sentiments, ni une légère appréhension avant ce premier round en course, ni un petit pincement au vu de la première nuit virile qui s'annonçait... La pression devrait descendre au passage de Gibraltar dimanche après-midi et les premières attaques stratégiques se mettre en place en Atlantique.
Franck Cammas avant le départ :
« On est toujours un peu nerveux avant un départ comme celui-là où le danger vient des autres bateaux, des voiliers spectateurs car la zone de départ est restreinte : c'est la partie la plus délicate où il faut manoeuvrer souvent. Après, il va y avoir du vent, fort et de face pour aller jusqu'à Gibraltar : ce n'est jamais simple et pas confortable ! Vivement l'Atlantique où on rentrera dans une configuration plus habituelle, au large... Je suis fier d'en être arrivé là , d'être prêt à Alicante, d'avoir fait ce qui était prévu ces deux dernières années, avec les phases qui se sont enchaînées selon le planning, avec un voilier Groupama 4 qui est à son optimum. La bagarre s'annonce de très haut niveau, d'une autre dimension pour nous par rapport à ce que nous avions l'habitude en multicoque... »
L'équipage de Groupama 4 pour la 1ère étape Alicante-Le Cap (6 500 milles)
Franck Cammas, FRA - Skipper
Jean Luc Nélias, FRA - Navigateur
Thomas Coville, FRA - Barreur, régleur
Charles Caudrelier, FRA - Barreur, régleur
Erwan Israël, FRA - Barreur, régleur
Damian Foxall, IRL - Barreur, régleur
Martin Strömberg, SWE - Barreur, régleur
Martin Krite, SWE - Equipier d'avant
Brad Marsh, NZL- Equipier d'avant
Phil Harmer, AUS - Piano, régleur
Yann Riou, FRA - Equipier média
Pointage à la dernière marque du parcours côtier :
1-Camper
2-Puma à 1'34
3-Telefonica à 2'10
4-Abu Dhabi à 2'47
5-Groupama 4 Ã 3'50
6-Sanya à 7'32
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